Lexique / Leissique

~~~~~  Bouvine ~~~~~

Abrivado : à l’origine, arrivée, passage au galop des taureaux de la course, encadrés par une formation en V de gardian à cheval ; aujourd’hui c’est surtout un jeu taurin au cours duquel li agantaire (o li atrapaire) tentent de se saisir d’un taureau.

Agantaire, Atrapaire : équipe d’empoigneurs, d’attrapeurs qui tente d’immobiliser un taureau ; ça s’apprend – vaut mieux – en face les taureaux savent !

Bandido : à l’origine, lâcher, retour des taureaux après la course depuis les arènes jusqu’aux prés, accompagnés de quelques gardian à cheval ; aujourd’hui même remarque que pour l’abrivado.

Bourgino : corde ou double-corde attachée aux cornes du taureau, a donné son nom au jeu taurin du taureau à la bourgine.

Camargo : les Camargues, la petite à l’ouest du Petit-Rhône, la grande entre les deux bras du Rhône (lou Rose) et à l’est, les territoires du delta du fleuve. Les écosystèmes camarguais résultent des interventions successives de la société. L’aire de la Bouvine  (bouvino), plus vaste, s’étend selon un polygone, du golfe de Fos à l’est, à la Durance et aux Cévennes au nord, aux étangs de Montpellier (Mount-Pelié) à l’ouest.

Course camarguaise : course à la cocarde (voir www.ffcc.info).

Encierro : mot d’origine espagnole ; lâcher de taureaux sur un parcours fermé.

Ferrade : marquage à chaud des jeunes bovins (anouble), au fer de la manade, après le sevrage.

Gase : gasade (gaso, gasado), passage à gué par le troupeau d’un étang … ou du Rhône à la nage. 

Tau : le taureau ; race locale contrôlée à robe fonçée noire ou brune, cornes (bano) orientées verticalement, de petit format 1,30 m au garrot et 300 à 450 kg ; élevé en liberté, en plein air intégral (manade), il vit de 15 à 20 années parfois jusqu’à 30. Les grands tau, biòu et vaches prennent leur retraite sur la manade, à leur mort ils sont enterrés debout. Les critères de sélection génétique doivent correspondre aux us et coutûmes, liés à la vocation des jeux taurins. « Le taureau s’adapte et apprend vite ; il est plus intelligent que le cheval qui lui, est très répétitif et a beaucoup de mémoire » (Jacques Espelly).

Anouble (anoublo) : taurillon, génisse d’un an.
Biòu : le bœuf. Mot générique au pluriel : la fe di biòu.
Simbèu : taureau conducteur portant une sonnaille autour du cou, éduqué il guide les autres (simbel en Languedoc).

Vaco : la vache, taille au garrot 1,20 m, 200 à 270 kg ; elle produit du lait destiné uniquement à son veau – pas de laiterie en Camargue !

Cheval Camargue : race locale contrôlée, de petite taille 1,35 m à 1,45 m au garrot, robe blanche ou grise trés claire parfois truitée ; cheval de selle adapté au milieu aquatique, élevé en liberté, en plein air intégral (manade), il excelle dans la surveillance et le tri des animaux – c’est le « frère » du gardian !

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Manade : la manade désigne à la fois le troupeau de bovins ou de chevaux et le lieu où il pâture sur de vastes espaces, où se trouvent aussi les équipements pour le tri (bouvau)

Manadier : l’éleveur propriétaire, doit exercer une autre activité pour assurer ses revenus : agriculteur, hôtelier, pharmacien, photographe…

Gardian : littéralement gardien (gardo-bèsti), professionnel employé par la manade. Baile-Gardian, l’homme de confiance du manadier.

Amateur : gardian bénévole. Ils permettent la survie des manades de taureaux, en échange leurs chevaux paissent sur la manade.

Monte Gardiane : équitation pastorale adaptée au tempérament du bétail, fuyant et pugnace. « Les mains sans les jambes, les jambes ne servent qu’à donner l’impulsion en avant » (Denys Colomb de Daunant). Les autres équitations pastorales sont : la doma vaquera (bétail pugnace), l’équitation western (bétail fuyant), la monte maremmana (en Toscane)…

Selle camarguaise : d’origine européenne lointaine, de la cavalerie lourde des chevaliers ; le gardian monte « presque droit » (voir manade Santenco).

Coursejado : coursejade (du verbe courseja : poursuivre) ; épreuve de l’équitation camarguaise, au cours de laquelle 2 ou 3 gardian doivent barrouler (de barrula : rouler ; renverser) l’anouble afin que les piétons puissent s’en saisir pour le marquer.

Bouvino : bouvine, l’espèce bovine ; par extension, la Bouvine désigne tout ce qui a trait à la civilisation Camarguaise et ses traditions autour du taureau et du cheval.

Roussatino : rossatine, la race chevaline ; nom collectif donné aux rosso, aux chevaux de race camarguaise.

Lou Marqués : le marquis Fólco de Baroncelli-Javon (1869-1943), manadier, œuvra avec ses compagnons à la sauvegarde et à la redéfinition des traditions.

~~~~~  Langue ~~~~~


Le Provençal est un des groupes linguistiques d’Oc, car les langues d’Oc ne descendent pas d’une lengo d’O unique ; la langue parlée en Camargue est la langue rhodanienne, qui appartient au groupe provençal (roudanen, maritime, gavouòt, nissart).

Comme toute langue naturelle, le rhodanien présente des variantes qui apparaissent à la périphérie de son territoire, de la rive gauche du Rhône : le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône (au Nord-Ouest d’une ligne Martigues, Aix et jusqu’un peu avant Manosque) et sur la rive droite du Rhône : une bande le long du Vaucluse qui s’élargit vers Uzès, Nîmes et Aigues-Mortes. Le rhodanien diffère de la langue littéraire, le mistralien, créée par Mistral et une partie des Félibres (lire P. Vouland, référencé au bas de cette page).

Indication générale sur la place, en mistralien, de l‘accent tonique ou élévation de voix, qui modifie la voyelle sur laquelle il porte, elle est prononcée plus fortement que les autres (entendre sur le site de l’association Prouvençau Lengo Vivo, voir la page Liens).

1) les mots terminés par e, o, sont accentués sur l‘avant-dernière syllabe. Exemples : ame, j’aime ;  chato, fille ;  abrivado, arrivée de taureaux ;  cantes, tu chantes ; Santenco, des Saintes(-Maries de la Mer). Sauf si un accent écrit le place ailleurs, exemple : de, devoir ; a, cela ; ve, vélo.

2) les mots terminés par a, i, u, sont accentués sur la dernière syllabe. Exemples : canta, chanter ; gari, guérir ; alu, ailé. Sauf si un accent écrit le place ailleurs, exemples : lou rri es gari, le rat est guéri ; memòri,mémoire ;  calèmus !, silence !

« EN » ou « EM » se prononce « IN » ; exemples : les pruneaux d’Agen ne proviennent assurément pas d’À-Gênes ; Pierre André de Suffren (vice-amiral, 1729-1788) ; Santenco.

La consonne finale d’un mot ne se prononce pas, sauf parfois les r et s.

Les Suffixes qui marquent l’augmentation : -as (-asso) ; -éu (-ello) ; -ous (-ouso). Exemples : cat, catas, chat, gros chat ; cato, catasso, chatte, grosse chatte !

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Afeciouna (afeciounado, afeciounaire) : amateur, passioné de courses de taureaux (cf. aficionado pour la corrida).

Aganta : empoigner ; attraper.

Arriba : arriver ; gagner la rive ; amener une bête sur la lisière d’un champ ; donner à manger, affour(r)ager.

Avise : fais attention ; surtout utilisé en pays Gardois, par exemple quand vous avez un taureau derrière vous !

Bano : corne.

Barrula : rouler, faire rouler.

Bedigas, bedigasso : mouton, brebis d’un an ; se dit d’un taureau pas bon pour la course ; aug. bedigasas, asso. Bedigo : brebis d’un an.

Bèn-vengudo : bienvenue. Bèn-lèu : bientôt.

Bou : bouc ; aug. boucas : se dit d’un taureau qui refuse les rasets.

Bouvau : solide enclos circulaire où sont regroupés des taureaux après le tri.

Calu, caludo : myope ; atteint(e) du tournis ; fou, imbécile.

Camargo : Camargues. L’origine du nom est incertaine : camarigas, camaricas, camarticas…

Chaple : abattage, tuerie ; déchiqueté, haché en franco-provençal. Du verbe chapla : hacher ; chapladis : hachis, chablis, carnage ; chaplage : action de hacher.

Char : le camion qui transporte les taureaux, par exemple pour aller participer à une course.

Chat : garçon. Chato : jeune fille.

Chivau : cheval. Du lat. caballus lui-même emprunté au gaulois caballos – d’abord « mauvais cheval », puis « cheval hongre » et « cheval de travail », terme populaire dès Varron – est le substitut du lat. class. equus qu’il supplante ultérieurement. Le gaulois epos est d’ailleurs le correspondant exact du cheval latin equus et du grec hippos (avec passage régulier du kw indoeuroépéen à p en gallo-britannique). Les Gaulois avaient d’autres noms encore : marcos ou cheval monté d’où le roi Marc, caballos ou cheval de trait, mandu ou petit cheval, etc ; epos c’était le « cheval attelé ». Pour finir, Ep(p)ona déesse tutélaire des chevaux et des ânes.

Devise : les couleurs représentant une manade ; matérialisée par une cocarde avec une flamme.

Dobo, Adobo : daube, étuvée ; accommodage.

Embarrage : action d’enfermer ; l’équivalent en provençal du mot encierro.

Escoussuro : escoussure, échancrure de l’oreille propre à chaque manade.

Estrambord : transport sonore d’enthousiasme, parfois accompagné de grands moulinets des bras !

La fe di biòu : la foi, la passion des taureaux.

Fedo : brebis.

Maure : de couleur sombre (ancien provençal) ; dans les noms de lieux : Roquemaure, massif des Maures…

O : ou ; oui. Vo : ou ; oui.

Prouvènço : Provence. Prouvençau, alo : provençal, ale. Prouvençalamen : à la provençale.

Radèu : radeau, îlot plat des étangs de Camargue.

Ràfi : valet de ferme ; greffe.

Rosso : rosse ; mot d’origine germanique : ross, cheval, et qui n’a pas le sens péjoratif du mot français.

Roussataïo : troupe de rosses ; lâcher de juments et de poulains.

Rousigon : se dit d’un taureau amorphe.

Sansouiro : sansouire, plaine salée coupée çà et là de massifs d’engano (salicornes).

Santen, Santenco : n. habitant(e) des Saintes-Maries de la Mer (Li Santi Mario de la Mar), adj. des Saintes.

Seden : corde faite par le gardian avec les crins de crinières de juments (longueur 10m, diamètre 13mm) ; le seden lui sert pour capturer et attacher sa monture.

Tes : they ou thès (mot d’origine grecque) ; le dépôt de sable, d’alluvions autour d’un obstacle crée rapidement un îlot dans l’embouchure du Rhône.

Toros : les taureaux de combat, de race espagnole.

~~~~~  Bibliographie ~~~~~


De mot pèr la bouvino… : Des mots pour la bouvine de Marcel Bonnet (1990) à l’association Lou Prouvençau à l’Escolo.

La Bèstio dóu Vacarés : La Bête du Vaccarès de Joseph d’Arbaud (1926, 2007, Les Cahiers Rouges) chez Grasset (www.grasset.fr).

La Manade Laurent : (Un siècle d’avenir en Camargue) de Daniel J. Valade et Marcel Pol (1990) aux Editions Notre-Dame à Nîmes.

Camargue et Gardians : de Carle Naudot (1948, 1989) au Parc naturel régional de Camargue.

L’équitation camargue : de Bernard Roche (2005) chez Actes Sud.

Petit dictionnaire Français-Provençal : Pichot diciounàri Francés-Prouvençau de Jules Coupier (2000) diffusion Observatoire de la langue et de la culture provençales.

Le Provençal de poche : par Virginie Bigonnet et Simon Calamel (2004) chez Assimil.

Du provençal rhodanien parlé à l’écrit mistralien : de Pierre Vouland (2005) chez Edisud.